5 décembre 2020 – 02 janvier 2021
Vernissage le samedi 5 décembre
Exposition personnelle
Pour cette exposition Jean Bosphore entraine ces garçons, oubliant leurs prénoms et ne devenant à présent qu’un objet posé dans la composition. Le noir et blanc est lui aussi bousculé par un jaune citron, un vert olive, un rouge tomate et un bleu azur qui viennent se poser, comme à son habitude, délicatement, avec précision. Des natures mortes s’ébauchent, dessinées avec luxe, calme et volupté, tel le titre de Matisse dont la synthèse est de s’allonger nu au bord de la mer. N’est-ce pas cela le vrai luxe, loin du pouvoir ? C’est peut-être ce que le jeune artiste tente de nous dépeindre dans ses « Caresses du soleil ». Ces natures mortes nous entraînent dans la Méditerranée, sorte de rébus anachronique où le lecteur essaie de déchiffrer l’anagramme insolite de symboles d’une Méditerranée ensoleillée. Le tournesol répond à la carafe Ricard, l’abeille hésite à butiner un calisson ou un garçon : tout est ici lascivité et jouissance d’un été oublié. Ces confrontations estivales croquées de mains de maître, aux détails léchés d’un délicat réalisme nous entraînent dans les rêveries d’une sieste métaphysique où le classicisme rencontre le naïf dans une douce insouciance. Cette narration parfois interrogative nous emporte dans les pas de Pasolini, Jean Genet, Jean Cocteau, dont l’artiste partage le prénom ou tous se rejoignent dans le goût des marins, ragazzi, et baigneurs continuant l’histoire en nous plongeant dans sa Côte d’Azur natale. Ces dessins collages ne seraient-ils pas d’ailleurs un portrait chinois de l’artiste ? Mais comment le savoir ? Celui-ci nous regarde de ses yeux joyeux et esquisse sous un trait de moustache un sourire énigmatique ou moqueur, peu importe le créateur se confond avec son art et c’est la réponse de tous les poètes.
Vincent Darré
Les Caresses du Soleil de Jean Bosphore, sont empreintes d’un onirisme suave. Dans cette série de neuf dessins, chaque élément, d’un hyperréalisme saisissant, éveille un désir de relâchement, et excite un imaginaire de langueur, de dépôt. Les heures du jour s’étirent sous l’action de chaque symbole : le siège qui invite à l’assise, la fleur et le fruit qui patientent sous les effets caloriques d’une lumière estivale, l’artefact qui, privé de sa fonction décorative, ravive les souvenirs d’un séjour sur la côte méditerranéenne. Dans cet entrelacement libre de traces mémorielles, l’artiste informe un récit intime où détente, chaleur, silence, oisiveté et sérénité structurent l’espace et le temps. Cet habile réseau de références mêle le naturel animal et végétal à la création artistique et design et, par sa liberté compositionnelle, neutralise la hiérarchie usuelle qui oppose l’oeuvre d’art à l’objet platonique. La tension entre histoire et Histoire se dissout dans cet amoncellement de souvenirs, de loisirs, de nonchalence et de douce vacuité : des natures mortes de Cézanne au fauteuil Blow de Lomazzi, en passant par le logo Ricard ou la colonne ionique, tout participe à la version la plus heureuse du projet d’Aergie, cette déesse de la paresse et de l’indolence. Et parmi ces vestiges, le corps masculin morcelé, monde de sensualité, d’intime, auquel l’artiste avait consacré ses précédentes recherches, se contemple toujours, se désire, s’érige comme l’éphèbe digne, sensuel et calme, saisi dans l’élan naturaliste d’une statuaire grecque. Chacune des pièces de cette série, autobiographiquement titrée, nous invite à composer un paysage propre au sein duquel l’activité se détourne de sa propre fin : l’idéal du voyage ne se découvre plus dans le cheminement, mais dans un lieu de quiétude, de ravissement, de repos, de volupté : tout devient propice aux plaisirs, à ce que les stoïciens ont nommé l’ataraxie.
Roméo Agid
Né en 1995 (Marseille, France)
Vit et travaille à Paris et Marseille / Première exposition personnelle, également au sein de la galerie.
Artiste représenté par la galerie sur ART FAIR Galeristes 2020.
Expositions collectives Villa Noailles (Hyères) et Galerie Bertrand Grimont.