Anaëlle Cathala – Espacement(s)

Du 15 septembre au 16 octobre 2018

Vernissage le 15 septembre

 

« Si ce sont les plumes qui font le plumage, ce n’est pas la colle qui fait le collage. » Max Ernst

Anaëlle Cathala est une artiste concevant son travail comme un « questionnement général sur le regard de l’homme sur l’univers et la place qu’il y tient. » Travaillant à l’argentique (Leica M6), elle manipule ses photographies prises de manière instinctive afin de créer des images qui interrogent l’espace. Toutes les photographies exposées au sein de la galerie sont des recompositions de photographies argentiques prises par l’artiste, tirées puis découpées selon un « mode art plastique », à la main, collées les unes aux autres; le résultat de ce travail ici plastique est alors re-photographié dans son ensemble avec son boitier argentique. L’artiste orchestre dans son travail générique photographies, collages, films et installations afin de sonder le potentiel de l’image, oscillant entre vraisemblance et surréalisme, ici du paysage, thème récurrent dans l’œuvre de l’artiste. Le paysage y est ré-appréhender selon un jeu de télescopage (fait de se confondre ou de se produire en même temps) qui reconstruit l’espace selon sa propre cohérence, offrant ainsi de nouvelles perspectives.
Anaëlle Cathala a toujours été fascinée par l’architecture et l’urbanisme auxquels elle se confronte physiquement au quotidien, et qui alimente de manière manifeste son travail. « Cet aspect vraiment cru me plaît et me touche, tout autant que la nature. Et j’aime les confronter. J’y vois des connections évidentes. » Les espaces créés incitent à se perdre, à se transporter vers un ailleurs, vers un voyage mental. Il est question de notion de créer des « espaces autres » comme ceux décris par le philosophe Michel Foucault, où héberger l’imaginaire, lieu d’un questionnement sur la notion du souvenir (réel ou imaginé), de ce qu’il en reste et de ce que l’on en fait.
Ses collages sont un point de rencontre entre onirisme et illusion. Inattendu, le résultat est un travail subtil et dynamique dont le vecteur est une tension entre réalité et abstraction. Elle y voit l’expression de la relation qu’elle entretient à l’espace qui l’entoure, « presque tout me semble irréel » dit-elle. Ces collages trouvent une forme de cohérence et d’équilibre dans des univers irréels à la temporalité nouvelle. « Le travail du collage m’intéresse pour sa notion de possibilité infinie. Je suis vraiment captivée par l’idée de recréer de nouvelles réalités, de nouveaux espaces, nouvelles dimensions. J’ai parfois simplement l’impression de remettre les choses à leur juste place, touchant légèrement du doigt le don d’ubiquité, en étant partout à la fois. » À travers la reconstitution de diverses images et matériaux une nouvelle image est formée qui transpose sa propre identité, unique; devenue œuvre virtuelle par la virtuosité de l’artiste, composante d’un univers artistique où le songe, la part d’équilibre et la constitution de nouveaux mondes exultent.
Le sentiment de vertige ressenti par l’artiste face au monde qui l’entoure est celui qu’elle tente de faire éprouver au spectateur. De ses prises de vues au Leica (35mm) en ressort un travail aux forts accents cinématographiques imprégné d’ambiances et de temporalité particulières. Par amour de l’abstraction et du fragment, Anaëlle plonge délibérément le regardeur dans un contexte narratif tronqué. Son procédé et son esthétique rapprochent l’artiste d’un cinéaste aux univers feutrés et mystérieux, David Lynch.

« Sans cesse ballotée entre la chronologie nécessaire à l’équilibre de nos vies en société et la perception d’un autre espace temps pressenti plus intime, plus redoutable et plus vertigineux, je recompose ce qui ne sera ni jamais tout à fait vrai ni jamais tout à fait faux. »

ALB & Melchior

 

Annaëlle Cathala

Communiqué de Presse