Du 24 novembre 2011 au 05 janvier 2012
Vernissage le samedi 26 novembre
D’un clocher aux tourelles d’une pagode… il ne reste que la cime, la ligne d’un paysage architectural capté, réduit à une ligne d’horizon, confronté à un imaginaire des possibles… « Bleu Horizon ».
Maxime Touratier présente sa première exposition personnelle à la galerie ALB ANOUKLEBOURDIEC.
La série « Bleu Horizon » est un ensemble d’œuvres photographiques qui s’appréhende comme un répertoire de panoramas à double enjeu: perte de repères architecturaux, perte de repères géographiques… Où sommes-nous? Face à quels lieux?… L’image se structure autour d’une dualité du poétique avec les cieux et du concret avec la composition d’un objet, non identifiable de prime abord, de l’ordre du semi abstrait.
Le trouble survient quand apparait, à travers l’observation d’une photographie précisément, un élément primordial de l’univers du lieu de captation… un Mickey. L’axe de lecture de « Bleu Horizon » est alors offert. Nous sommes immergés dans l’univers du Disneyland Resort à Marne la Vallée, lieu de rêverie et d’imaginaire enfantin. Ces fragments architecturaux peuvent être dès lors appréhendés dans leur ensemble. Et ce sont trouble et malaise qui se définissent alors face à la contemplation… Tout n’est que stéréotype: du château de contes de fées où l’on se plaisait à se croire aux confins de l’Europe de l’Est, au module architectural de fin du monde, à l’image de synthèse tant la verticalité de la dorure semblait émaner de l’ordre historique…
Maxime Touratier offre ainsi cette double lecture face à ces œuvres, celle qui induit une notion de matérialité de l’objet et son appropriation. Le « ce que l’on voit » (imagination) et « ce qui est » (réalité).
Il nous amène vers cette confrontation à la fois douce et amère du regard, face à la pensée évidente, ici, d’une culture qui génère ses propres esthétiques; la standardisation architecturale se veut internationale, commerciale, où tout n’est que création de décor de théâtre à l’échelle gigantesque et pérenne. Confrontation de cet univers préfabriqué face au second univers (dû à l’ordre du premier plan et du second plan dans la photo) qui occupe plus des trois quarts de l’œuvre: le ciel. À la fois lumineux, nuageux, il est ici imprégné de ce pluriel des « cieux », univers biblique qui suggère une vie extrêmement diverse, à l’activité intense, loin de n’être qu’un plafond ou un décor étendus sur l’agitation des hommes. Ce ciel qui crée cet imaginaire, cette solitude qui nous est propre, ce ressenti éprouvé face à l’œuvre. Ce bleu qui a fait dire en temps de guerre qu’un soldat se voit d’abord de loin, près de la ligne bleue du ciel; la couleur bleue horizon permet alors de le camoufler… faut-il y voir un fondu de l’architecture de Disney qui se veut le plus discret possible en dehors de sa zone franche… sur le territoire français.
Disney nous veut rêveur lorsque l’on pénètre sur son territoire, mais c’est Maxime Touratier qui en photographiant et en restant physiquement en dehors de cet univers, nous amène à rêver vraiment notre imaginaire…