5 mars – 7 avril 2020
Vernissage le samedi 5 mars
Exposition personnelle
La puissance du geste de l’artiste Hélène de Mess sublime les personnes devenues sujets de ses dessins. Par le pastel sec et sur le papier noir, qui fait fond, elle transmet avec force et sincérité ce que les mots ne peuvent exprimer. Quiétude, angoisse, calme apparent ou ressenti. À travers le portrait, elle arrive à dégager et mettre en lumière par ces couches de blanc, ces fondus et ces transparences, les émotions, et invente une personnalité, qui transcende ses sujets, dans un traitement intense du geste, des mains et du regard. À chacun sa personnalité à travers le regard de l’autre… Ressentez maintenant !
ALB
Hélène de Mees nous convie au sublime… Par un geste puissant l’artiste de 1993, à la maturité technique saisissante, exalte dans ses portraits sa fascination pour l’humain et son intériorité. Par un tracé en négatif où l’organique de la craie sèche devient lumière, elle révèle sur la noirceur de ses fonds des figures entre intimité et inconscient. De ces silhouettes familières comme inconnues, photographiées, elle puise le miroir de l’âme. De ce double capté, elle transcende l’essence, la clarté de l’oeil, la sensualité d’un geste, la posture d’une main. Surtout elle fait émerger de la matière, de ses dessins éminemment contemporains, une énergie vibratoire qui embrase la pénombre. La lumière émerge des ténèbres pour nous livrer par un hyperréalisme fascinant l’intériorité de ses modèles. Le blanc de la craie sèche vient caresser la matière d’un clair-obscur puissant réalisé à même le sol. Par un corps à corps avec le pigment Hélène de Mees révèle l’humain, son aura, la quintessence de son être. Par un vocabulaire plastique pénétrant et des contrastes poussés elle fait naître de l’inanimé une lueur de vie cristallisée dans ses tracés. Par un ajout systémique de matière, elle donne corps à une nouvelle écologie de l’image où l’âme déborde sa représentation, où la gestuelle, le regard prophétique de ses sujets nous happe. «Si tu plonges longtemps ton regard dans l’abîme, l’abîme regarde aussi en toi.» L’abîme de Par-delà le Bien et le Mal de Friedrich Nietzsche met à jour une psychologie des profondeurs lisible en double fond dans ses oeuvres. Sous la surface de craie elle ouvre une brèche dans l’intimité de ses modèles. Plus encore elle entrouvre un chemin d’accès à l’inconscient. Elle nous fait plonger par la finesse des détails d’une écriture sismique au coeur de signes prophétiques, comme au coeur de la matérialité de l’oeuvre. En émane une contemplation de l’abîme, de ce noir abyssal desquels émergent dans la puissance du geste inconscient une géographie sensible. L’âme brute de sa technique, la fulgurance de son trait libèrent ainsi une aura, une âme, comme une lueur d’espoir en l’humain.
HÉLÈNE VIRON
Critique d’art, Universitaire