Fabio Deronzier – Skyland

25 avril – 18 mai 2019

Vernissage le jeudi 25 avril

 

Le bruissement des ciels de Fabio Deronzier résonne à la surface de ses toiles, souffle sur ses glacis. Sous ses pinceaux, la peinture à l’huile semble devenir volatile, jusqu’à exprimer la volupté de vents célestes. Une volupté pour autant passagère, car sous la vibration de ses nuages stylisés, de ses lueurs à la palette chromatique contrastée, un présage plus sombre gronde.

Le sublime côtoie le souffle d’un ciel d’orage hérité des paysages de William Turner ou de David Friedrich. Pour autant le romantisme de ses édens pétris d’incertitude est chargé d’un ancrage bien plus actuel. Il est empli des torpeurs de ce virtuose, enfant de 1996, à la maturité technique troublante. Comme il est chargé d’un langage stylisé propre aux nouveaux médias.

Sous ces aplats de nuages volontairement imparfaits, à la densité savoureuse, apparaissent les aspérités de ses glacis comme les signes d’une emprise contemporaine. Un état défaillant, revendiqué par l’artiste, pour jouer avec les surfaces jusqu’à ouvrir un passage vers les tréfonds de ses cieux. Il fait ainsi de ses nuages aux tonalités douces une surface bouchée et une percée ; comme l’expression d’une empreinte céleste au présent.

La résurgence de ces nuages stylisés à la surface de la toile résonne avec de nouveaux modes de représentation. Elle fait écho aux « stickers » et autocollants apposés sur les conversations à l’ère des réseaux sociaux. Elle intervient comme une nouvelle couche de signe qui par une collusion entre la virtuosité technique de l’artiste et ces nuages stylisés donne à ses toiles un ancrage excessivement contemporain.

Fabio Deronzier, par la virtuosité prodigieuse d’un travail pictural des plus actuel  parvient à révéler dans le sillage d’Ainsi parlait Zarathoustra de Friedrich Nietzsche une forme d’imminence pressante, voire oppressante, comme le signe d’une urgence « longtemps suspendu(e) au sommet, comme un lourd orage, celui qui doit un jour allumer la lumière de l’avenir ! ». Il parvient par cette collusion entre le sublime et le nébuleux stylisé à nous submerger d’un vent mystique, à nous confronter au souffle saisissant d’un temps éminemment présent.

 

Hélène Virion
Critique, journaliste, commissaire d’exposition

Fabio Deronzier

Communiqué de Presse