Je pause
Je pause donc je suis – Que dire de plus – Que ce « métier » fut l’apothéose de ma vie professionnelle, celle qui entremêla des joies intenses et des déceptions si grandes; celle d’avoir révélé à des artistes en devenir qu’ils étaient des artistes à part entière, celles de manipuler entre mes mains des oeuvres d’art qui pourraient rentrer un jour dans des musées, celles d’avoir fait évoluer, en convaincant les artistes, leurs pratiques, les dimensions et les sujets dans leurs oeuvres plastiques. Celles d’avoir été un peu visionnaire, pas économe dans la générosité de soustraire à l’autre son hésitation, ses doutes et son envie d’arrêter tellement de fois; comment ai je réussi à vous convaincre de continuer à peindre, à dessiner, à créer autant. Celles d’avoir nourri au sens propre comme au figuré nombre de rencontres, de personnes et de créateurs. J’ai avancé année après année avec celles d’avoir été méprisée dans ses choix et à travers les départs et les ruptures; élément non marginal des relations humaines. Mais aussi avec celles d’avoir été tellement heureuse de porter au nues et à la barbe de certains, non disons-le de beaucoup, un art lui-même méprisé, le réalisme. En avance de plusieurs années sur la mode artistique comme diront certains, ayant bousculé le conventionnel pour d’autres, faisant fi disons le de ce que le monde de l’art et tous ces acteurs imposaient. Ma vie de galeriste se résumera ainsi, indépendance et abandon. Mais certains m’ont lâchement dénigré, éjecté, oublié et il semblerait que je ne m’en remette pas … Alors finissons ainsi, les montagnes russes sont absolument divines dans ce métier, reprendre un ticket pour refaire un tour dans ce parc d’attraction ! Tu me manques tellement petite galerie. ALB